… et s’offrent l’instant parfait unique absolu de l’Amour …

« Mon amour
Il y a une source de soleil, ruisselante, qui éclaboussera votre corps de lumière.
L’étoffe lourde et soyeuse de ses rayons ardents qui enrobera votre éblouissante nudité.
Il y aura vos regards humides, troubles comme l’étang, étincelants de clarté noire
votre chevelure affolée de lueurs, votre chevelure comme l’olivier en flammes
votre bouche écarlate, affamée, entrouverte sur la morsure à fleur de dents
et ce sourire obsédant d’enfant tourmenté
cette brûlure fulgurante du plaisir, qui vous déchire la peau et vous dévore les membres…
Je serai là
vous irez vers moi avec votre mal d’infini, votre soif inaltérable
vous viendrez à moi, immobile, le corps vigoureux soclé à la terre
plante vorace, sauvage, avec cette plaie vivante entre les cuisses, à feu et à sang d’amour
Il faut que je sois calme, que je sois un courant d’eaux profondes, que je sois l’océan quand il retient ses vagues…
Alors, seulement, je saurai vous aimer
Il y aura une pluie de larges gouttes attiédies qui enlacera votre corps en feu, vous écarterez les membres pour vous offrir tout entière à la jouissance de son tendre ruissellement
Au contact de votre peau, cette pluie s’échauffe, se fait brûlante, alors
je serai un aigle foudroyé par l’orage
je tombe à vos genoux
les ailes de mes mains encerclent vos hanches
mes lèvres effleurent vos pieds nus adorables, tissent un voile de frissons tout au long de vos jambes, puis asséchées de désir, se précipitent avec volupté sur le divin calice que votre féminité leur tend
Je sens ton corps s’anéantir sous la caresse trop aigüe de ma langue
mes paumes recréent la coupole de ton ventre offert, s’élèvent avec une lenteur infinie vers celles de tes seins
qu’elles façonnent longuement, amoureusement
jusqu’à les rendre à ma bouche aussi durs et fragiles que des éclats de verre
Tu frissonnes
mes doigts s’enfoncent dans la chair douce de tes épaules et font jaillir le sang du grain de ta peau
dans un élan de tout l’être
mon corps se dresse contre le tien
mes lèvres, de leurs baisers, capturent vos lèvres, vos yeux, votre museau, vos oreilles délicates
Le désir vous enflamme les joues
tu renverses la tête et offres à mes sauvages morsures, la naissance de ton cou
Je vous sens défaillir, mes dents déchirent votre nuque
la chaleur soyeuse de votre chair me pénètre
Oh ! ma fièvre amoureuse
mon bel amour fou
la violence de notre passion nous entraîne, nous attire vers un néant infernal et radieux
Tu te laisses glisser contre moi et vos lèvres chaudes me découvrent, me transportent au-delà de toute conscience
comme tu m’aimes !
Notre chute s’accélère, nos corps se confondent
je possède tout ce que vous possédez de moi
Nous plongeons dans le vide, toujours, de plus en plus vite.
Mes mains s’arrachent à vos épaules, glissent avec force jusqu’à vos reins et
dans un mouvement de houle puissant, brutal
enserrent votre taille
Votre corps entier se raidit, prêt à se déchirer, puis s’ouvre, s’abandonne aux vagues déferlantes du plaisir
Le temps s’arrête
Le soleil fou, irradiant de l’Amour, nous précipite à une vitesse vertigineuse dans la spirale éblouissante de la jouissance
Puis
un silence énorme.
Par la voie de nos regards, nos âmes se reconnaissent
s’ouvrent totalement, sans conditions
l’une à l’autre
Alors
le visage éclairé d’un sourire inhumain de bonheur
lentement
aussi lentement qu’une marée
nos deux êtres se fondent en un seul
et s’offrent l’instant parfait
unique
absolu de l’AMOUR
Je t’AIME »
1er novembre 1961
Jacques Higelin

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Faisons la Rǝʌolution ! ou l’histoire du centième singe …

Connaissez-vous l’histoire du centième singe ? Ce récit m’a
définitivement décidée à mettre toute mon énergie au service
du couple, et il nourrit encore aujourd’hui ma vision de l’amour.
Cela traite d’une expérience de scientifiques japonais ayant
étudié des macaques sur l’île de Koshima à partir de 1951.
Tout part de l’observation d’une femelle macaque, pionnière,
qui prit l’habitude de laver des patates douces à l’eau et de
les éplucher avant de les manger. Ce comportement, jamais
observé nulle part, se répandit peu à peu aux jeunes singes
de l’île par mimétisme. Les vieux singes continuaient de leur
côté à consommer leurs patates sablonneuses.
En 1958 à Koshima, un certain nombre de singes observés
lavaient leurs patates douces : quatre-vingt-dix-neuf pour être
tout à fait précis. Puis, un jour, tous les autres macaques de
l’île adoptèrent subitement cette pratique, les jeunes comme
les vieux. Un peu comme si l’énergie additionnelle du centième
singe avait produit une masse critique, un point de bascule
dans la transmission, une percée radicale.
La plus grande surprise a été de découvrir que, sur des îles
alentour et même sur le continent, cette habitude s’était diffu
sée ; les singes s’étaient mis à laver et éplucher leurs patates
douces partout. Les chercheurs ont éliminé l’hypothèse d’un
contact direct entre macaques au vu des distances impossibles
à traverser à la nage. Le procédé semblait avoir franchi les
barrières naturelles et s’être manifesté spontanément, comme
le font les cristaux de glycérine dans des récipients scellés
d’un laboratoire.
Je ne sais pas qui sera le « centième couple », quelle va être
la masse critique pour contaminer les couples alentours
spontanément, mais j’y travaille avec passion, comme
d’autres, avant, avec et après moi…
Pour faire ensemble la Rǝʌolution!

 

extrait de « Les clés de l’Intelligence Amoureuse » Larousse 2018

Florentine d’Aulnois-Wang

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